LEADERSHIP ET RÉSILIENCE DES FEMMES AUTOCHTONES GUARANIES

Adaptation au changement climatique dans le Chaco paraguayen
Angelina Barrientos
Organización de Mujeres Indígenas Guaraní
Angelina Barrientos descend d’une camionnette conduite par Adriano, un ancien camarade de classe, qui l’aide désormais à faire le relevé des réunions qu’elle organise en tant que fondatrice de l’Organisation des Femmes autochtones guaranies. Angelina parcourt la région du Chaco au Paraguay pour y rencontrer des collègues de différentes organisations de Femmes autochtones.

Dans la région de Campo Loro, elle rencontre l’Organisation de femmes artisanes; à Macharety, les collègues de Guarani Nivacle Ayoreo; et dans la communauté de Santa Teresa, la Commission des femmes Kuña Guarani Katupiry. Elle visite également la région de Nasuuc, où il n’y a toujours pas d’organisation de Femmes autochtones, justement afin d’en encourager la création : « Vous pouvez vous rassembler pour discuter de ce dont vous avez besoin », explique-t-elle devant une assemblée

Les femmes la regardent et, avec l’aide de l’enseignant-traducteur de la communauté, elles sont encouragées à parler de certains de leurs besoins et défis.

A l’ombre d’un arbre pour se protéger du soleil, Angelina explique que le travail à Nasuuc ne fait que commencer, mais qu’elle a confiance que la graine plantée portera ses fruits. Elle dit que lorsqu’elle a postulé au Fonds Ayni du FIMI, elle n’aurait jamais imaginé qu’elle obtiendrait une assistance. Elle a tout de même postulé. Quelque temps plus tard, elle a reçu un courrier confirmant qu’elle obtiendrait le soutien technique et financier demandé.

. Elle dit que lorsqu’elle a postulé au Fonds Ayni du FIMI, elle n’aurait jamais imaginé qu’elle obtiendrait une assistance. Elle a tout de même postulé. Quelque temps plus tard, elle a reçu un courrier confirmant qu’elle obtiendrait le soutien technique et financier demandé. Elle s’est immédiatement rendue au village le plus proche pour réunir les conditions nécessaires, notamment l’ouverture d’un compte bancaire. Lorsqu’elle en a parlé aux autres leaders guaranis, pour la plupart des hommes, ils ont été surpris et même incrédules. Mais Angelina a persévéré, inspirée par l’exemple de leadership hérité de sa mère qui était leader dans sa communauté et cofondatrice de la Fondation Macharety. Angelina a rassemblé les documents nécessaires et a reçu le soutien promis, à la surprise de tout le monde.

Les fonds ont servi à organiser des rencontres avec des femmes de différentes communautés guaranies, certaines de Bolivie et d’autres des communautés voisines, plus loin de Macharety où vit Angelina. Cependant, personne au monde n’imaginait qu’une pandémie allait arriver, enfermant tout le monde chez soi. Les réunions en personne ont été interdites pendant un certain temps, ce qui a également affecté les communautés avec lesquelles Angelina travaille.

En même temps, la sécheresse s’emparait depuis quelques années déjà du paysage du Chaco, conséquence de la crise climatique qui touche la région. Selon diverses sources, les niveaux de précipitations ont considérablement diminué au cours des dernières décennies, ce qui a généré de graves problèmes de pénurie d’eau dans les communautés autochtones. Devant cette situation, Angelina a repris ses responsabilités de leadership et a concentré ses efforts sur des mesures visant à atténuer les effets de la sécheresse, comme l’installation de tuyauterie, la construction d’une citerne d’eau et l’approvisionnement en eau des communautés. Malgré les avantages de ces initiatives, certains de ses collègues masculins s’y sont opposés, ce à quoi Angelina a répondu

Nous sommes dans le même bateau, nous n’avançons pas de manière isolée. Nous avançons tous et toutes ensemble.

La camionnette d’Adriano parcourt une route sinueuse de boue et de poussière, qui se soulève sur son passage.

Angelina raconte que, miraculeusement, il a plu ces derniers jours, mais pas autant qu’avant ni autant que nécessaire. La camionnette s’engage sur une route fréquentée par des camions de charbon. Par la fenêtre, on aperçoit les paysages du Chaco : une vaste savane paraguayenne sous un soleil éclatant, avec des oiseaux nichant sur des pylônes électriques et quelques arbres singuliers. À première vue, ces derniers peuvent paraître déformés.

Angelina partage leur nom commun : palo borracho, ou bâton ivre. Ces arbres semblent souffrir d’indigestion, présentant une protubérance à la hauteur du tronc où on pourrait leur imaginer un estomac. Cela n’est pas loin de la vérité, car la forte salinité du sol fait gonfler le tronc de ces arbres, qui sont en réalité du genre ceiba, présentant ainsi des formes étranges.

Le FIMI est un mécanisme international qui travaille avec des Femmes autochtones et des organisations de Femmes autochtones des sept régions du monde pour générer un impact aux niveaux local, régional et international.

Au FIMI, nous croyons que les actions locales et internationales sont liées entre elles, et cela est évident dans le travail d’Angelina et de son organisation dans la lutte contre les changements climatiques.

Il est important que les organisations et les Femmes autochtones reconnaissent les défis auxquels elles sont confrontées lorsqu’elles postulent aux différents programmes du FIMI, grâce auxquels elles peuvent renforcer leurs compétences et établir des liens au niveau international, de manière à générer un changement dans leurs propres communautés.

C’est comme le processus de planter une graine, qui a le potentiel de pousser comme un ceiba en plein milieu de la savane. Le palo borracho est une métaphore visuelle des réalisations des femmes des communautés du Chaco. Un arbre du changement, plein d’épines et de lignes sinueuses, mais résistant aux climats extrêmes. C’est comme le chemin qui s’ouvre devant les femmes des communautés. Accablées par les sécheresses et les doutes de leurs pairs, elles arrivent tout de même à émerger en transformant le paysage et en donnant une identité au territoire.

Teka-Pora

c’est le bien-vivre pour toute la communauté, pour les femmes qui en font partie. C’est la capacité d’agir, même si ce ne sont que de petites actions », explique Angelina, assise sur une chaise en bois à l’ombre d’un autre arbre . Ce mot guarani représente le bien commun et le bien-vivre pour tous.

Angelina parcourt les communautés de Campo Loro, de Macherety, de Santa Teresa et de Nasuuc, cherchant à réaliser Teka-Pora pour ses collègues et pour toutes les personnes qui vivent dans ces territoires.

. Elle a déjà commencé son travail, elle en est la graine; il ne reste plus qu’à attendre pour voir jusqu’où ses efforts pousseront.

Paraguay
Créditos
Coordinación, revisión de contenido y diseño: FIMI.

Réalisateur: Arisbeth Márquez
Production et écriture de cette histoire: DETECTIVE
Traduction anglaise par: Elia Judith Hernández Castillo
Photos Paraguay: DETECTIVE

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