Renforcement du pouvoir des Femmes autochtones en Afrique

Le rôle de l’AIWO
Lucy Mulenke
Indigenous Women Organization (AIWO)
En 1998, un groupe de Femmes autochtones d’Afrique a remarqué qu’il y avait peu d’espaces où elles pouvaient se rassembler pour discuter de leurs problèmes personnels, familiaux et communautaires. Afin de créer un espace sûr, ces femmes ont décidé de fonder l’Organisation africaine des Femmes autochtones (AIWO).

Lucy Mulenkei, Femme autochtone masaï du Kenya et cofondatrice de l’organisation, explique:

“« Nous entendions les échos des expériences en Amérique latine et en Asie, où nous avions des voix, mais nous, ici, nous n’avions pas ces voix”.

L’AIWO leur a permis de se rassembler pour promouvoir les droits des Femmes et des Peuples autochtones en Afrique et ainsi renforcer leur pouvoir social, politique et économique.

La longue histoire de Lucy avec l’activisme remonte jusqu’à son enfance, puisque dès son plus jeune âge, dans ses milieux sociaux, elle se présentait déjà comme une leader soucieuse de sa communauté. Elle a quitté son emploi de journaliste pour se concentrer sur le développement communautaire et le renforcement du pouvoir des femmes. Selon Lucy, les femmes sont comme les arbres : leurs branches offrent une protection contre les vents et les problèmes qui peuvent affecter les familles.

Il est donc important pour Lucy de tisser des réseaux de femmes pour discuter de leurs défis et de solutions possibles, quel que soit leur lieu d’origine, car elles partagent partout dans le monde des choses en commun. À travers le dialogue, des plans sont élaborés pour résoudre ces problèmes. D’une certaine manière, les racines des arbres auxquels Lucy fait référence doivent s’entremêler pour se soutenir entre elles, au-delà des frontières.

« C’est pourquoi les femmes de l’AIWO cherchent à créer une école internationale afin de pouvoir y former leurs jeunes femmes et même d’autres femmes. Pour qu’elles puissent apprendre et découvrir leurs domaines à améliorer, elles doivent travailler avec leurs propres communautés. Elles pourront ainsi mettre en évidence certains des enjeux pressants et élaborer des stratégies pour y répondre. »

Lucy, grâce à son travail collectif avec d’autres femmes de partout en Afrique, a détecté que les défis auxquels leurs communautés sont confrontées sont liés aux changements climatiques, comme les sécheresses et la perte de biodiversité:

“« Il s’agit d’un appel lancé aux femmes pour qu’elles envisagent et élaborent des stratégies ou des mécanismes permettant de faire face aux changements climatiques et de s’y adapter”

Pour cela, il est crucial de travailler collectivement

“il est également important que les femmes connaissent leurs droits, de manière à pouvoir les exercer.”.

D’après Lucy, pour avancer le développement communautaire, les leaders d’aujourd’hui doivent également servir de modèles pour les jeunes femmes, car ces dernières pourront ainsi continuer à faire progresser leurs propres vies et leurs communautés. Son expérience lui a appris que la patience, l’écoute et le partage sont des choses très importantes pour le développement, car c’est seulement ainsi que nous pourrons avancer.

En ce qui concerne l’avenir, Lucy estime qu’il est important de se concentrer sur les jeunes femmes avec lesquelles elle travaille afin qu’elles puissent continuer de progresser dans leurs propres communautés. Elle voit que ces femmes avancent et reçoivent du soutien, travaillent dans différents domaines et se soutiennent mutuellement. Pour Lucy, l’AIWO est comme une fleur qui continue de fleurir et un arbre qui continue de générer différentes feuilles et branches, sans se faner ni mourir. Elle entrevoit un avenir brillant pour l’AIWO et pour les Femmes autochtones d’Afrique qui continuent de lutter pour leurs droits et pour le développement de leurs communautés.

Depuis sa création, l’AIWO a intégré des femmes comme Winnie Kodi, originaire du Peuple autochtone Uba du Soudan

“ Maintenant, les femmes parlent des effets des changements climatiques et de la manière dont ils affectent les Femmes autochtones.”

Elle souligne l’engagement des femmes dans la mise en œuvre de stratégies d’adaptation et d’atténuation dans leurs propres pays, là où elles peuvent constater par elles-mêmes les effets. « Nous avons des groupes qui mènent des activités de plantation d’arbres, pour renforcer leur identité et pour avancer les efforts de reboisement de la zone. Par conséquent, les personnes qui vivent dans les forêts, comme celles qui n’y vivent pas, sont encouragées à planter et à construire. »

Winnie est l’une des nombreuses voix de l’AIWO. L’organisation communautaire incite les femmes à renforcer leurs compétences afin de renforcer leur pouvoir économique et celui de leur famille. Elle explique : « Les Femmes autochtones sont brillantes, mais elles n’ont tout simplement pas l’espace ni l’occasion de le montrer, d’utiliser leur nature brillante pour faire quelque chose pour elles-mêmes. » Lorsqu’elles en ont l’occasion, elles ont réussi à faire en sorte que leurs fils et leurs filles puissent aller à l’école et recevoir des soins médicaux. Cependant, elles restent confrontées au grave problème des mutilations génitales féminines, une pratique néfaste, perpétuée au nom de la tradition, qui doit être éradiquée. Pour y parvenir, l’accent est mis sur l’enseignement des droits sexuels et reproductifs des femmes.

Winnie sait que la participation des Femmes autochtones dans des plateformes où elles peuvent se faire entendre et tisser des liens est essentielle pour générer un changement réel. D’après elle, il est crucial « d’explorer des moyens d’impliquer les Femmes autochtones dans les espaces politiques et les mécanismes des Nations Unies qui ont un impact sur leur vie, en leur donnant des outils pour se défendre elles-mêmes non seulement au niveau local ou régional, mais aussi au niveau international ».

Winnie, qui a participé à la première édition de l’École internationale de leadership du FIMI et est plus tard devenue conseillère pédagogique, croit fermement que les Femmes et les Filles autochtones peuvent trouver de nouvelles opportunités en faisant partie d’un réseau international. Selon elle, « en rejoignant un réseau, elles peuvent bénéficier d’occasions qui se présentent, et lorsqu’un appel international est lancé, nous pouvons le partager, à travers les réseaux déjà établis, à des organisations qui travaillent avec de puissantes Femmes ou Filles autochtones pouvant profiter d’un leadership mondial ».

Enfin, elle mentionne que les forums permettent de discuter de solutions aux niveaux local, national, régional et international, et de planifier leurs actions. Dans ses propres mots:

Nous avons tout un document qui souligne les différents problèmes qui affligent les Femmes autochtones d’Afrique et ce qu’elles aimeraient faire pour y remédier.

Lors de ces rencontres internationales, les Femmes autochtones de différents pays échangent des idées, des informations et des bonnes pratiques, et discutent de leurs défis. Selon elle, ces rassemblements leur ont appris qu’elles font face plus ou moins aux mêmes défis, comme l’accès à la justice sociale, aux services sociaux, aux mécanismes des droits de la personne, et à la santé reproductive, mais « nous provenons de contextes ou de lieux géographiques différents ».

África
Créditos
Coordinación, revisión de contenido y diseño: FIMI.

Coordination et révision du contenu: FIMI.
Direction
: Arisbeth Márquez
Production et écriture de cette histoire: DETECTIVE
Traduction anglaise par: Elia Judith Hernández Castillo
AFRIQUE-AIWO Photographies: FIMI -AIWO

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